Record du monde en solitaire

Thomas Coville pulvérise le record en 49 jours

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Publié le 25/12/2016 | 18:08, mis à jour le 25/12/2016 | 23:49

 

 

Thomas Coville, le skipper de Sodebo Ultim’, est arrivé ce dimanche, vers 18h00, au large d’Ouessant et a donc franchi la ligne d’arrivée virtuelle du tour du monde à la voile en solitaire avec environ sept jours d’avance sur le précédent record, soit en moins de 50 jours. Le temps de référence actuel avait été réalisé en 2008 par Francis Joyon, qui avait bouclé sa circumnavigation sur le multicoque Idec en 57 jours et 13 heures.

C’est à la tombée de la nuit et dans la brume que Thomas Coville a passé la ligne d’arrivée. Parti le 6 novembre dernier, il valide ainsi un nouveau record du monde en solitaire avec 8 jours d’avance (49 jours 3 h 7 min et 38 sec), au bout de la troisième tentative du record monde du tour du monde à la voile en solitaire, après 2009 et 2011. Il bat ainsi le précédent temps référence de Francis Joyon, effectué en 2008.

Dans un communiqué publié sur le site de son sponsor, il est précisé qu’après le passage de la ligne, le marin restera toute la nuit en mer avec son équipe à bord, “un sas de décompression essentiel après 7 semaines éprouvantes seul en mer”. Le trimaran rejoindra ensuite Brest dans la matinée de lundi.

Thomas Coville a porté un coup extraordinaire au record du tour du monde à la voile en solitaire dimanche en passant sous la barre des 50 jours, loin, très loin des trois ans qu’avait mis le premier marin à avoir réalisé l’exploit il y a un peu plus d’un siècle. Depuis le Canadien Joshua Slocum en 1895, ils ont été quelques-uns à réaliser le rêve ultime du marin du grand large, celui de faire le tour du monde à la voile (d’ouest en est). Plusieurs ont inscrit leur nom au palmarès des records mais avec des différences.

Il y a eu des tours du monde en solitaire mais avec escale, des tours du monde sans escale mais en équipage, et des tours du monde en solitaire et sans escale sur des monocoques. Celui de Coville est un tour du monde en solitaire sans escale et sur un multicoque (un maxi-trimaran, Sodebo Ultim’), les bateaux les plus rapides. En solitaire et en multicoque, c’est Alain Colas (Manureva) qui a tracé la voie en 1973 mais avec une escale. Sans aucune halte, c’est Francis Joyon qui a ouvert le compteur en 2005.

La réaction de Thomas Coville 

“Le rêve de dix ans de travail arrive”: Thomas Coville savoure avec une émotion “extrêmement puissante et dense” son exploit, quelques heures après avoir battu dimanche le record du tour du monde à la voile en solitaire et sans escale. “C’est un drôle de mélange, d’un seul coup tout s’arrête. Vous êtes extrêmement connecté pendant 49 jours avec votre bateau, avec la nature et d’un seul coup, le rêve de dix ans de travail arrive. C’est un mélange d’une émotion extrêmement puissante et dense, qui vous monte du fond des tripes. C’est un moment très fort dans ma vie d’athlète”, a commenté le marin français pour France Info alors qu’il n’est attendu à terre, à Brest, que lundi vers 09h00.

Il lui aura fallu 5 tentatives pour établir ce record en 49 jours, 3 heures, 7 minutes et 38 secondes, après notamment deux tours du monde réussis mais sans record à la clé. “J’ai tenté, j’ai échoué, je suis tombé, je me suis relevé, je me suis reconstruit. C’est toute cette histoire humaine pour arriver à concrétiser tous ces efforts qui est valorisante et que je retiendrai. 49 jours, effectivement c’est un très bon temps mais c’est plus le chemin pour y arriver qui m’émeut et qui est intéressant dans ce grand voyage”, a-t-il déclaré.

 

 

 

Pollution : deux épaves coulées au large de l’île de Sein

Bretagne

  • Par Marc-André Mouchère
  • Publié le , mis à jour le

Pollution : deux épaves coulées au large de l’île de Sein

Jeudi 23 décembre, avant le lever du jour, deux coques ont coulé à pic au large de l’île de Sein. Deux épaves remorquées par un troisième navire de la compagnie Maersk qui a quitté la zone pour gagner la Turquie. L’association “Robin des Bois” s’agace de si peu de précaution pour l’environnement.

© Marine Traffic Maersk Searcher. OMI 9191369. Remorqueur ravitailleur offshore. Longueur 82 m. Pavillon Danemark. Société de classification Lloyd’s Register of Shipping. Construit en 1999 à Singapour par Keppel Shipyard. Coulé

C’est un appel VHF au Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage d’Etel qui a donné l’alerte à 01h55. Un appel du remorqueur Maersk Battler signalant un événement de mer pendant son remorquage de deux coques de type Supply au large de la Chaussée de Sein. Le CROSS Corsen prend alors la responsabilité de la coordination de cette opération.

REMORQUAGES et NAUFRAGES

Le Maersk Battler remorquait dans la nuit deux coques, vides et dépolluées, de navires de type “supply” (photos). Le convoi est en route vers la Turquie pour y être déconstruit.
Le remorqueur qui n’est d’ailleurs qu’un navire du même type, signale que l’un des deux ex-navires qu’il remorque (le Maersk Searcher) a coulé par 140 m de fond suite à une voie d’eau. Comme il traînait ces deux déchets industriels “à couple”, c’est à dire bord à bord, le naufrage du premier a entraîné le chavirement du deuxième mais il flotte encore!

Le CROSS Corsen assure alors le suivi régulier du remorquage, en contact avec l’armateur. Le navire ne demande pas assistance et sort de la route maritime mais à 6h33 signale le naufrage du deuxième navire (le Maersk Shipper) coulé à son tour et à peine plus au large que le premier, à l’ouest de l’île de Sein.

Comme il n’y a aucune victime à signaler, ni selon l’armateur de risque de pollution, le Maersk Batler poursuit sa route sans même avoir obligation de venir à Brest pour rendre des comptes. Il continue vers la Turquie car c’est là-bas qu’il doit être pris en charge par un chantier de déconstruction.

Maersk continue à vider ses poubelles  au large de la Bretagne

c’est ainsi que l’association Robin des Bois titre son communiqué de presse pour dénoncer l’affaire à sa manière :

 ” Après avoir abandonné au large de Brest 517 conteneurs tombés depuis le Svendborg Maersk le 14 février 2014, la compagnie danoise Maersk récidive aujourd’hui avec les épaves des Maersk Searcher et Maersk Shipper qui partaient en convoi depuis le Danemark pour démolition à Aliaga en Turquie. […] Il est regrettable que la Préfecture Maritime de l’Atlantique ait autorisé en plein hiver la circulation de ce convoi d’éclopés dans la Zone Economique Exclusive française.

Encore une fois, la 1ère compagnie mondiale maritime a préféré pour des raisons de profits envoyer des navires en fin de vie à la démolition dans un chantier hors Union Européenne. Il aurait été beaucoup plus sûr pour la sécurité maritime et la protection de l’environnement marin d’envoyer ces 3 navires dans les chantiers de démolition de Grenaa et Esbjerg au Danemark ou de Gand en Belgique parfaitement équipés pour traiter des navires de cette taille et de cette catégorie. Il n’y a pas de petits profits, c’est sans doute pour économiser du fioul et la gestion de 2 équipages que Maersk a procédé au remorquage à risque vers la Turquie de 2 navires à démolir par un autre navire à démolir.

La prétendue dépollution des 2 navires aujourd’hui coulés reste à vérifier. L’enquête du Bureau Enquête Accident danois donnera peut être d’ici quelques mois des informations à ce sujet. Dans tous les cas, ces épaves constituent un risque supplémentaire de croche pour les bateaux de pêche et il y a désormais 2 nouveaux sites sous-marins pollués par des peintures toxiques, des déchets électriques et électroniques et des hydrocarbures résiduels.”

Surveillance accrue de la Préfecture Maritime

Jointe en début d’après-midi ce vendredi, la Préfecture Maritime de l’Atlantique communique qu’un avion de surveillance maritime Falcon 50 de la Marine Natinale a survolé la zone jeudi après-midi sans détecter de traces de pollution. “Seuls quelques bouts (cordages) et morceaux de bois sans danger ont été détectés. Si les deux coques sont bien vides et dépolluées, il ne sera pas procédé au renflouement des épaves.”

L’étude de plusieurs éléments, récupérés auprès de l’armateur, tels que les certificats de remorquage et les passeports verts des deux coques ayant coulé, permet à la Préfecture Maritime de l’Atlantique d’établir “la présence de produits non pompables répartis dans les différentes soutes des deux coques”. Il s’agit pour l’essentiel de produits légers, hormis une des coques, qui contient 10m3 de fioul lourd situé au centre du navire dans une cuve à double paroi. Cette étude permet de constater que les deux coques ont bien été dépolluées avant leur transit.

La préfecture maritime de l’Atlantique a décidé pour les prochains jours de maintenir une surveillance par un vol d’observation quotidien. Une équipe du Centre d’expertises pratiques de lutte antipollution de la Marine Nationale a été activée par mesure de précaution.

Il a été demandé à l’armateur de fournir un plan d’action de relocalisation des deux coques pour le 03 janvier 2017.